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Antoine Denoix, PDG d'AXA Climate, dans un très bon article paru dans les Echos "Sans régénération, l'ESG nous emmène dans le mur !", fait part de ses préoccupations et des limites d'une démarche qui tente de réduire l'impact négatif de l'activité d'une entreprise sur l'environnement, là où nous devrions changer de paradigme dans notre approche en pensant l'entreprise comme la source de solutions possibles visant à régénérer son environnement.

Dans un cheminement similaire, les certifications environnementales dans l'acte de construire semblent toutes aussi obsolètes. Si nous faisons le constat que l'énergie, les matières premières vont dans très peu temps venir à manquer, que le soleil, l'air et la terre sont les éléments dont nous allons devoir nous contenter, alors il est temps que le politique, les "régulateurs" (les services de l'état, les directions de l'urbanisme, les ABF, etc.), les idéologues proctologues, les institutionnels, mènent une révolution copernicienne !

En premier lieu, il devrait être interdit d'interdire les projets immobiliers vertueux qui font la preuve d'une consommation d'énergie neutre ou positive, d'une sobriété par le réemploi et par la surpression de mesures techniques dispendieuses et inutiles demandées par les certifications, et enfin d'une artificialisation des sols positive.

Le politique devrait libérer les acteurs qui fabriquent la ville des carcans des zonings, des règlements urbains totalement contre productifs. Depuis le début du siècle précédant, on a eu de cesse de contraindre l'initiative pour les prés carrés des uns et des autres, en faisant de Le Corbusier l'exemple à ne pas suivre. Et pourtant...

Ne pourrait-on pas libérer les hauteurs, les façades (en ce compris la cinquième façade), les plans, libérer l'autoproduction d'énergie, et enfin libérer la construction des normes et règlements en imaginant des assouplissements (à défaut d'un toilettage en profondeur) ou des démarches de reconnaissance d'équivalence plus large ?

Aujourd'hui, aucune de ces libertés n'est à l'ordre du jour. De concessions en idéologies parfois bienveillantes, il est interdit en France, d'imaginer construire des gratte-ciel régénérateurs pour la planète en libérant des espaces propices à la biodiversité, en déployant des façades créatrices d'énergie par le solaire, l'éolien, en produisant des plans libres des usages1 et des contingentements des municipalités , en optant pour des matériaux biosourcés. (Je vous renvoie à mon article "Le concours Lépine"). Et si le fait d'évoquer l'exemple des gratte-ciel vous semble contre intuitif, les problématiques demeurent à des échelles de projet plus réduites malheureusement.

L'addition de bonnes intentions finira par scléroser les esprits et le marché. "L'affichage des labels" tant apprécié des institutionnels (Aménageurs, Banques, Investisseurs) nous éloigne chaque jour d'une nécessaire frugalité. La frugalité, c'est ; immensément moins de mille-feuilles réglementaires, moins de matières et quel qu'en soit son origine même si l'on peut privilégier le réemploi et le biosourcé, moins de solutions techniques inéfficientes. La frugalité, c'est ; faciliter l'autosuffisance énergétique en acceptant des dispositifs visuels non-conformistes, s'isoler davantage en donnant notamment du fruit aux façades par rapport aux limites séparatives, en limitant les parois froides en dehors des règles du FLJ. Enfin la frugalité, c'est établir des programmations qui font le choix de conserver l'essentiel en éliminant l'accessoire fut-il là aussi réglementaire ou commercial.

Le droit français par essence vous interdit de construire, sauf à demander une autorisation administrative, là où nous ne devrions souffrir que d'une simple déclaration pour les constructions frugales, des "Cités Radieuses" de Le Corbusier de nouvelles générations ! Il n'est pas interdit de rêver...

Si "nous ne changeons pas de paire de lunettes" et en premier lieu celle de ceux qui alimentent le juke-box des prescriptions administratives et techniques, alors il devient urgent d'imaginer des solutions pour survivre à une hausse des températures à +3C° (par rapport à l'ère pré-industrielle).

Nota 1 : les usages, leurs mixités ou la réaffectation des surfaces sont confrontées à la logique en silo des normes de l'habitation, du travail, de l'ERP, des IGH qui obligent à réhabiliter entièrement les ouvrages, à doubler, voir tripler les dispositifs de sécurité en cas de changement de destination. Ces dispositifs, bien qu'utiles, vont l'encontre d'une sobriété du geste et de la pensée. Il en est de même de presque toutes les prescriptions dont on nous impose la mise en œuvre.

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